Neurones miroir

Ce matin, après avoir sélectionné une première paire de chaussettes, j'ai changé d'avis, préférant à la réflexion une autre combinaison de couleurs et l'espace d'un instant, j'ai eu de la peine pour la paire qui avait pu “penser” être choisie ce jour, mais se voyait finalement rejetée. Quelle étrange tendance, ainsi projeter des sentiments humains sur des objets inanimés ! Et en songeant aux neurones miroir et à l'importance des aptitudes communicatives, y compris la capacité à échanger mentalement de position avec son interlocuteur et de comprendre ainsi son point de vue (ou simplement de percevoir comment nous-mêmes et nos actions seraient jugés par un observateur extérieur, ce qui est crucial pour notre acceptation par le groupe et notre position en son sein, dont dépend notre survie), dans le développement de l'humanité, je me demande si c'est ainsi que le divin est apparu. Attribuer une personnalité aux objets et créatures naturels, par extension de cette nouvelle compétence mentale qui nous apportait tant d'avantages, et s'imaginer la manière dont ils nous nous percevraient et jugeraient notre conduite. Cela se passerait avant le langage et les textes religieux “révélés” (bien qu'il s'agisse peut-être là d'un phénomène apparenté), lorsque nous avons commencé à vivre dans un monde magique où tout était divin : si chaque objet est doté d'une personnalité avec laquelle je peux interagir, alors en me comportant convenablement à son égard, je peux multiplier les relations favorables avec mon entourage, ce qui me rend heureux. Répond à mes besoins affectifs, calme mon inquiétude sociale résultant d'une position jamais parfaite au sein du groupe ; et je ne me sens plus seul lorsque je suis seul.