Théorie littéraire et lecteurs fictifs

(Extrait d'un examen de doctorat en Langues et Littératures Romanes présenté à l'University of Oregon en 2008, où s'exprime une certaine gêne vis-à-vis de la lecture critique universitaire et s'esquissent des réflexions futures sur la lecture et l'écriture.)

la critique est toujours historique ou prospective : le présent constatif, la présentation de la jouissance lui est interdite1

Réfléchir sur la lecture implique de questionner l’acte critique : la possibilité d’un discours portant sur des lectures ou en provenant. D’abord parce que sans ce type de discours (qui inclut, au-delà des “critiques” spécialisées, toute opinion exprimée sur un livre), chacun ne pourrait approcher de la lecture que sa propre expérience, sans espoir de partage. Ensuite car, si l’on en croit Barthes, mon présent discours ne saurait, non plus, présenter l’objet de ma réflexion.

Mon intention première, pour ce travail, était en effet d’esquisser une description phénoménologique de l’acte de lecture. J’imaginais qu’avec méthode, il serait possible de conceptualiser au moins certains aspects de l’expérience concrète, vécue de la lecture, « à l’intersection de mes expériences et à l’intersection de mes expériences et de celles d’autrui »2. Cependant, à mesure que s’additionnaient mes efforts, introspectifs et comparatifs, à l’écoute de ma pratique et des expressions d’autrui, s’est affirmée peu à peu la notion que la lecture, telle que je voulais la considérer, constitue un inter-dit, c'est-à-dire « est interdite à qui parle, comme tel, ou encore [ne peut] être dite qu’entre les lignes »3.

Cet essai est donc en partie l’histoire d’un échec. Si j’imagine toujours ce que pourrait être une telle description, si à force de l'imaginer, la notion intérieure que j'en forme s'enrichit sans doute, je n'envisage plus de la représenter ici par un discours. Peut-être la seule manière de se re-présenter la lecture est-elle d'en répéter l’expérience : pour soi-même, en relisant (qui est aussi lire autre chose), à l'intention d'autrui, en écrivant4.

Reste l’entre-les-lignes. Considérant qu’en partie au moins le discours critique provient de l’expérience de lecture, sans doute en dit-il quelque chose, malgré lui, ou en dépit de son propos.

Je commencerai par examiner quelques conceptions de la lecture et du lecteur, telles qu’elles se dessinent dans les entreprises théoriques de Riffaterre, Iser, Fish et Jauss. Travail principalement en négatif, qui tente finalement d’évoquer ce que le lecteur n’est pas, en observant ce que l’on dit qu’il est : c'est-à-dire les différents lecteurs fictifs qui sont construits pour les besoins de la théorie littéraire. Au terme de ce bref parcours critique, j’essayerai d’évoquer quelques pistes pour une autre vision de la lecture.

le lecteur est un homme sans histoire, sans biographie, sans psychologie5

La dernière grande entreprise théorique dans les études littéraires était fondée sur la notion de Texte, conçu généralement comme « un code limitatif et prescriptif »6, qui « fonctionne comme le programme d’un ordinateur »7 et contrôle entièrement la lecture, laquelle est comparée à « l’exécution d’une partition »8. La lecture revient alors à un traitement univoque du Texte : lorsque Riffaterre pose pour principe de « ne fonder l’explication que sur les éléments dont la perceptibilité est obligatoire », il se crée une fiction de lecteur comme récepteur, d’une « docilité absolue »9, de faits linguistiques.

Ce mouvement théorique, connu pour avoir également exécuté l’auteur, revendiquait en contre partie de donner au lecteur la première place : « la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’Auteur »10. Cependant, même ses succédanés les plus ouvertement occupés du lecteur se limitent pareillement à la création de lecteurs fictifs. Ainsi, le « lecteur implicite » de Wolfgang Iser

embodies all those predispositions necessary for a literary work to exercise its effect – predispositions laid down, not by an empirical outside reality, but by the text itself. Consequently, the implied reader as a concept has his roots firmly planted in the structure of the text ; he is a construct and in no way to be identified with any real reader.11

Le lecteur implicite12, contenu dans le Texte, se résume en fin de compte à une structure textuelle étrangère au lecteur réel. Il y a donc un malentendu dans l’emploi du mot « lecteur »13, puisqu’il ne s’agit encore que de décrire un potentiel de lecture « programmé » par le Texte. C’est dans un second temps qu’Iser effectue le transfert de ces déterminations au lecteur réel :

No matter who or what he may be, the real reader is always offered a particular role to play, and it is this role that constitutes the concept of the implied reader.14

Cette relation, outre qu’elle limite l’observation de l’activité du lecteur réel à ce cas particulier d’un rapport au narrataire, demeure en elle-même problématique. Dans sa description du concept d’Iser, Antoine Compagnon donne ainsi pour exemple l’incipit du Père Goriot, qui présente une adresse au lecteur : « vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va-t-il m’amuser. » Pour Compagnon, « l’auteur implicite s’adresse au lecteur implicite (ou le narrateur au narrataire), jette les bases de leur accord, pose les conditions de l’entrée du lecteur réel dans le livre ». Mais, la distance historique et le fait que tout lecteur n’a pas les mains blanches, ni un fauteuil moelleux à disposition, s’opposent à cette équivalence entre lecteur implicite et lecteur réel. En tant que lecteur, j’imagine plutôt le lecteur idéal que Balzac avait à l’esprit en écrivant ces lignes, et cette visio15n s’ajoute aux diverses images qui composent ma lecture : cela peut sans doute inscrire l’œuvre dans un contexte historique et social qui déterminerait ma lecture, mais l’ampleur de cette détermination n’est pas fixe et peut être nulle. Il n’y a donc aucunement détermination directe ni univoque du lecteur réel par le lecteur implicite.

Le concept de lecteur implicite ne permet pas de décrire l’activité du lecteur réel. La prédominance du Texte, comme matériau linguistique déterminant totalement l’expérience de l’œuvre, s’oppose à l’introduction de tout élément de subjectivité de la part du lecteur. Une remise en cause de cette définition du Texte semble donc nécessaire pour introduire le lecteur réel dans l’espace théorique. Au lieu de considérer le Texte dans la matérialité simultanée de ses éléments linguistiques, Stanley Fish propose ainsi d’en faire une description suivant la temporalité de la lecture :

I challenged the self-sufficiency of the text by pointing out that its (apparently) spatial form belied the temporal dimension in which its meanings were actualized, and I argued that it was the developing shape of that actualization, rather than the static shape of the printed page, that should be the object of critical description.16

Le regard critique se déplace ainsi du texte en tant qu’objet imprimé et analysable synchroniquement, au processus d’actualisation temporellement successif de sa lecture. Le sens d’un texte n’est plus une entité objective observée par un regard extérieur, mais un événement de perception interne à l’observateur.

Fish ne va pourtant pas jusqu’à introduire une variabilité subjective de cet acte de lecture. S’il attribue au lecteur une co-responsabilité dans la production du sens, à part égale avec le texte, ce dernier demeure un objet unique et déterminé qui garantit l’uniformité des réactions de lecture. Afin de neutraliser les différences observables dans l’interprétation des textes, Fish postule ainsi un niveau de lecture partagé par tous les lecteurs, indépendamment des différences d’éducation et de culture, qu’il rapproche de la notion de « compétence linguistique » de Chomsky17. Selon ce modèle, les variations interprétatives proviennent de la traduction, selon les divers présupposés théoriques adoptés par chaque lecteur, d’une expérience de lecture unique.

Cette hypothèse réduit l’expérience de lecture descriptible à un processus syntactique, le texte déterminant un développement temporel du sens selon des modalités prédéterminées. Le lecteur fictif de Fish est ainsi un pré-lecteur partagé par tous, défini comme une catégorie universelle de perception davantage que comme une pratique concrète, dont la conscience se limiterait à l’organisation temporellement linéaire d’unités de texte à la signification univoque. Entreprise d’abord comme émancipation envers le formalisme, cette démarche revient en fin de compte à limiter l’expérience de lecture aux effets d’un Texte dont la suprématie demeure inaltérée.

Fish prend conscience de cette contradiction ; Is There a Text in This Class est l’histoire de ses évolutions théoriques vis-à-vis de ce problème central dans la théorie de la lecture : qui du texte ou du lecteur détermine l’expérience de lecture ? Sachant que le texte se présente comme un objet matériel déterminé permettant un jugement de vérité sur ses interprétations18, mais que son appréhension subjective par chaque lecteur en interdit une description complète et unique, aucun des deux pôles de la rencontre ne semble pouvoir revendiquer une totale autonomie, ni accepter de manière formelle la participation de l’autre. C’est dans cet esprit que Fish en vient à refuser la dualité entre texte et lecteur, en les subsumant dans la notion de « communauté interprétative » :

the act of recognizing literature is not constrained by something in the text, nor does it issue from an independant and arbitrary will ; rather, it proceeds from a collective decision as to what will count as literature, a decision that will be in force only so long as a community of readers or believers continues to abide by it.19

Le texte possède bien des caractéristiques formelles, mais celles-ci comme l’ensemble des réactions du lecteur n’existent qu’en fonction d’une attitude ou démarche interprétative déterminée par une communauté sociale et historique. Si l’étude de la forme d’un texte et celle de l’expérience du lecteur ne sont que différentes approches visant à décrire un même phénomène, l’essentiel pour Fish est ce qui les conditionne toutes deux, à savoir le « modèle interprétatif »20 adopté par un groupe donné.

La poursuite d’un modèle théorique amène à en éliminer les termes. On s’éloigne d’une analyse, même partielle, de l’acte de lecture proprement dit, pour se pencher sur les conditions qui rendent possible la lecture comme interprétation des textes. La « communauté interprétative » de Fish est ainsi à rapprocher de la notion d’ « horizon d’attente » proposée par Jauss.21 Ce dernier étant compris comme « un ensemble d’attente[s] et de règles du jeu avec lesquelles les textes antérieurs ont familiarisé [le lecteur] et qui, au fil de la lecture, peuvent être modulées, corrigées, modifiées ou simplement reproduites »22, dans les deux cas, l’expérience de lecture est comprise par le biais d’un ensemble de valeurs, historiquement déterminées et partagées par un groupe, qui déterminent sa réalisation. Fish insiste sur leur antériorité à l’expérience, voire même à l’existence du texte, tandis que la perspective historique de Jauss le conduit à percevoir les diverses actualisations du texte, selon l’horizon d’attente de chaque époque, en relation négative avec sa première réception.

L’expérience individuelle de la lecture est réduite, au moins pour un temps, à un cas particulier de la réception collective :

le problème de la subjectivité de l’interprétation et du goût chez le lecteur isolé ou dans les différentes catégories de lecteurs ne peut être posé de façon pertinente que si l’on a d’abord reconstitué cet horizon d’une expérience esthétique intersubjective préalable qui fonde toute compréhension individuelle d’un texte et l’effet qu’il produit.23

Sans nier la possibilité d’une réception subjective, ou pour ainsi dire « isolée » de l’œuvre, Jauss la subordonne intégralement aux circonstances historiques et sociales qui l’entourent. L’étude de la réception est donc avant tout une forme d’histoire littéraire, de philologie modernisée au contact du marxisme : l’24 des horizons d’attente s’inscrit dans l’histoire générale et considère l’individu, prioritairement voire exclusivement, dans sa dimension sociale. Le lecteur théorique de Jauss se rapproche ainsi d’un « type » désincarné, rassemblant les caractéristiques idéologiques d’une époque.

Mais ce lecteur fictif n’est pas pour autant un lecteur moyen (qu’il serait d’ailleurs difficile de définir), mais étant constitué par l’ensemble des expressions écrites et élaborées de réceptions individuelles, ainsi que par les caractéristiques sociales et historiques d’une communauté donnée, il se rapproche plus ou moins ouvertement du lecteur savant, porteur du savoir et de l’idéologie officiels d’une époque. Si l’on prend pour exemple un article de Jauss sur Apollinaire, le 25propos n’interroge pas les modalités d’une expérience esthétique du texte, mais se fonde sur des connaissances académiques traditionnelles pour décrire ses potentiels interprétatifs. La première phrase indique le ton :

Apollinaire’s lyrical production of the year 1912 marked the threshold to a new wave of modernism, which would henceforth be caracterized by the concept of the avant-garde ; this concept designated a significant departure from the centuries-old « Querelle des Anciens et des Modernes ».26

Je doute que ni Apollinaire ni la majorité de ses lecteurs ait vraiment eu la Querelle en tête. La théorie de la réception semble ne faire qu’instrumentaliser l’idée de lecteur pour renouveler le support théorique de l’histoire littéraire classique. Si le fait est courant que les professionnels de la lecture en réduisent l’expérience à leur pratique spécialisée, le pendant théorique de cette attitude est la substitution de l’expérience esthétique par une herméneutique de l’œuvre d’art27.

Le discours critique devient donc une étude des interprétations, qui à l’élaboration de nouveaux discours interprétatifs au contact des sciences humaines et de la philosophie, peut comme c’est le cas pour Jauss ajouter une perspective historique, et se pencher sur l’évolution de ces discours. Attitude qui ne serait nullement problématique si elle ne s’accompagnait du préjugé théorique que l’expérience de la lecture équivaut entièrement à ce travail intellectuel.

Les différents modèles de lecteurs fictifs examinés jusqu’ici montrent en effet autant de tentatives pour réduire l’expérience du lecteur à la mise en pratique des aspects du texte littéraire privilégiés par chaque courant critique, qu’il soit formaliste ou philologique. L’expérience de la lecture correspondrait ainsi exclusivement au parcours critique du lecteur universitaire, conçu comme une approche herméneutique rationnelle et fondée sur des présupposés théoriques stables. Mais avant de se prêter à interprétation, la lecture est un acte d’imagination : c'est-à-dire qu’elle correspond à un mode d’être qui est celui de l’imaginaire. Une telle formulation ne dit pas grand-chose sur la manière dont un texte écrit provoque cette activité mentale particulière. La distinction qu’elle apporte, cependant, réside dans le fait que l’imagination est par nature non-réflexive : on ne peut en même temps imaginer quelque chose et s’observer soi-même imaginant. On retrouve l’idée que la réflexion, l’interprétation – la critique – est toujours seconde, n’existe pas comme démarche mentale dans le même temps que la lecture (conçue comme un plaisir, au présent, de l’imaginaire). De plus, l’état d’imagination comme présence non-réflexive, sans conscience de soi, implique une forme d’absence à soi : comme si un regard intérieur, qu’on pourrait appeler « conscience », se portant sur un objet imaginaire, s’absentait de son origine, « moi ». Le lecteur est transporté dans un monde imaginaire, délaisse provisoirement son moi individuel pour d’autres moi en d’autres circonstances.

Cette conception rend difficile un discours sur l’expérience de lecture, en ce qu’elle se dérobe à l’examen réflexif, qui ne peut s’en approcher que par la mémoire. Elle permet cependant de parler de la lecture en tant que pratique. De ce point de vue, l’état d’absence à soi qui la caractérise invite à un rapprochement avec la pratique méditative ou religieuse. Brian Stock décrit ainsi l’usage de la lecture comme exercice spirituel chez les Chrétiens du haut Moyen-Age, en particulier Saint-Augustin, qui associaient communément la lecture à la méditation :

When medieval authors spoke of lectio et meditatio, they referred to oral reading that was followed by silent meditation. […] Silence was considered to be an integral part of sacred reading, just as oral reading was the entry point to meditative silence. […] meditative silence implied a nonperceptible presence : the absence of sound, which is perceived by the senses, was a confirmation of this presence […] To proceed from lectio to meditatio was thus to ascend from the senses to the mind. 28

Dans ce contexte religieux, la « présence imperceptible » est la présence divine29. Rien n’empêche cependant de la comprendre comme une présence de l’autre, ce qui ferait de la lecture une expérience de la relation éthique décrite par Levinas: on s’y absente à soi-même pour se faire otage d’un autre imaginaire30 : « miracle fécond d’une communication au sein de la solitude »31.

Concernant la nature de l’expérience de lecture, la distinction primordiale est ici entre le moment de lecture orale, où le lecteur (auditeur) est plongé entièrement dans l’image, et celui de la méditation silencieuse, où il contemple le sens de ce qu’il vient d’entendre. Le passage de la lecture orale à la lecture silencieuse représente ainsi pour Stock un changement radical de perspective.

With the widespread practice of silent reading, the sound of the reading was reduced to an inward murmur or disappeared altogether from aural perception, so that only one type of silence remained – the silence of reading itself. The history of silence thus began a new chapter, in which the subject had the impression that reading and thinking were a single, continuous process. For the reflective reader, the text and the self became interdependent, as they appear to be in Montaigne32.

La lecture silencieuse telle que nous la pratiquons serait donc la superposition de deux phénomènes auparavant distincts, ou tout au moins l’impression d’une telle superposition. L’aspect contemplatif de la lecture, qui pouvait concerner tout un chacun, disparaît au profit d’un aspect analytique, réservé au lecteur « éduqué ». Stock rapproche en effet cette évolution du développement de l’humanisme, et de son intérêt pour l’établissement d’édition correctes des textes anciens, ainsi que de méthodes pour justifier leur interprétation. Ces pratiques définissent un usage des textes restreint à un public savant, tandis que la lecture allégorique, pour la fable, suivie d’une méditation visant à se l’approprier, était accessible à tous.

L’observation de cette forme de lecture rituelle ou sacrée permet ainsi de distinguer diverses pratiques de la lecture : la lecture interprétative d’une part, et la lecture imaginative ou contemplative d’autre part. Même dans un contexte laïc, et en dépit du déséquilibre entre les deux conceptions dans le monde intellectuel contemporain33, cette distinction peut être réaffirmée à titre d’hypothèse. L’identification entre lecture et pensée, entre le texte et le soi, ne semble pas être complète : il reste à interroger cette relation dans une optique contemporaine. Si la lecture a encore un avenir, il requiert peut-être une prise de conscience de sa nature réelle en tant qu'activité intérieure, bien loin de l'interprétation transparente d'un programme d'ordinateur.

***

NOTES

  1. Roland Barthes, Le Plaisir Du Texte (Paris Seuil, 1973), 37.
  2. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (Paris : Gallimard, 1945), XV.
  3. Jacques Lacan, Ecrits (Paris : Seuil, 1966), cité par Barthes, op. cit., 36.
  4. Pour un exemple d’écriture qui ne serait cependant pas étranger à la critique, voir Renato Serra, « Ringraziamento a una ballata di Paul Fort », in Scritti letterari, morali e politici (Torino : Einaudi, 1974).
  5. Roland Barthes, Le bruissement de la langue (Paris : Seuil, 1984), 67.
  6. Michael Riffaterre, La production du texte (Paris : Seuil, 1979), 11.
  7. Ibid., 8.
  8. Ibid., 11. L’instrument préféré de Riffaterre est sans doute le piano mécanique.
  9. Ibid., 12.
  10. Roland Barthes, op. cit., 67.
  11. Wolfgang Iser, The Act of Reading : A Theory of Aesthetic Response (Baltimore: The Johns Hopkins University Press, 1978), 34.
  12. Analogue au concept de « narrataire », voir par exemple Gerald Prince, « Introduction à l’étude du narrataire », Poétique, 14 (1973), 178-196.
  13. Dans l’expression « reader-response criticism » par exemple. En Français, « théorie de la réception » poserait le même problème, mais s’applique plutôt aux travaux de Jauss, dont je traiterai par la suite.
  14. Wolfgang Iser, op. cit., 34. On peut se demander ce qu’Iser entend par l’alternative « who or what ».
  15. Antoine Compagnon, Le démon de la théorie (Paris, Seuil : 1998), 161.
  16. Stanley Fish, Is There a Text in This Class ? (Cambridge, Massachusetts, Harvard UP : 1980), 2.
  17. Ibid., 5.
  18. C'est-à-dire un jugement purement négatif : est « vraie » toute interprétation qui n’est pas fausse de manière démontrable (incohérente).
  19. Ibid., 11.
  20. Ibid., 13.
  21. Egalement de celle de « répertoire » chez Wolfgang Iser, op. cit., 68.
  22. Hans-Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception (Paris , Gallimard : 1978), 51.
  23. Ibid., 51.
  24. L’influence de la philosophie politique sur la grande vague théorique des années 60-70 serait par ailleurs intéressante à retracer.
  25. Hans-Robert Jauss, “1912: Threshold to an Epoch. Apollinaire's Zone and Lundi Rue Christine,” Phantom Proxies: Symbolism and the Rhetoric of History, Yale French Studies (New Haven: Yale University Press, 1988). L’article d’Iser sur Ulysses de Joyce fournit le même type d’argument, cf Wolfgang Iser, “Patterns of Communication in Joyce's Ulysses,” A Companion to James Joyce's Ulysses (Boston: Bedford Books, 1998).
  26. Hans-Robert Jauss, article cité, 39.
  27. Jauss, comme Iser, est ainsi influencé par Gadamer, à qui il emprunte la notion d’ « horizon » : cf. Hans-Georg Gadamer, Truth and Method (London: Continuum, 1975).
  28. Brian Stock, After Augustine: The Meditative Reader and the Text (Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2001), 15-16.
  29. Que nous pensions la littérature depuis une civilisation fondée sur des religions du Livre n’est pas sans importance : on peut se demander si l’idée moderne de « littérature » ne provient pas d’un phénomène de laïcisation du Livre, par la multiplication des livres.
  30. Que cet autre soit l’auteur, les personnages, soi-même en tant qu’autre (que « lecteur » dans un sens à définir), demeure une question.
  31. Marcel Proust, Sur la lecture (Paris : Actes Sud, 1988), 29.
  32. Ibid., 22.
  33. L’université moderne étant née de l’humanisme, rien d’étonnant à ce que l’interprétation y prédomine. D’autre part, la théorie littéraire moderne étant née de l’opposition à des notions héritées du monde antique (fable et morale de la fable, intention de l’auteur et volonté divine), il faudrait pour leur redonner quelque valeur montrer que c’est à leur déviation positiviste, datant de la fin du XIXe siècle, qu’il convenait de s’opposer : peut-être peuvent-elles toujours guider la pratique de la lecture, au moins aussi bien que les « archilecteurs » (Riffaterre).

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