n'importe laquelle

Le goût en art est subjectif, la qualité ne l'est pas.

Tout individu, définissant ce qu'est la qualité à ses yeux, fera intervenir en proportion variable son goût. Si l'on pouvait caractériser la qualité pure, n'existeraient pas toutes ces façons de la viser, dont la diversité engage le goût de chacun.

Si tout n'était qu'affaire de goût, comme le croient souvent ceux qui de l'art ne voient que le canon, plusieurs fois écrémé, culturellement validé à leur intention, il n'y aurait pas de hiérarchie de qualité possible. Or, si ce n'est pas immédiatement discernable pour l'amateur comparant, dans un musée, Picasso et Braque, ou Monet et Manet, c'est évident lorsque vous, abandonnant tout espoir, vous mêlez d'appréhender la masse des travaux ratés, maladroits ou simplement débutants, que produisent, et c'est très bien, tous ceux que la muse fait un jour chanter. Une pile de manuscrits dans l'antichambre d'un éditeur : vous verrez bien que ce roman est mort-né, celui-ci ne fonctionne pas complètement, celui-là démarrait bien mais n'aboutit pas. Lorsque cela commence à tenir debout, les avis peuvent rapidement diverger sur la qualité, en fonction du goût des lecteurs. Mais tout en bas du panier, il n'y a globalement, hormis légendaire exception, pas de doute.

Enfin, si vous n'êtes toujours pas convaincus sur ce point, je peux le prouver plus simplement : permettez-moi de peindre votre portrait. Je vous mets au défi ensuite de contester qu'il existe en art une échelle de qualité objective.

Il n'y a sans doute pas de limite humaine au nombre des manières de viser la qualité ; qui constitue chacune le style d'un artiste particulier, ayant atteint sa propre originalité. D'autres diraient qu'innombrables sont les noms de Dieu. D'autres encore verraient se réincarner sous d'infinis avatars les mêmes dieux, tous par ailleurs facettes d'un unique divin.

On ne peut pas composer des hymnes paresseusement. Il faut y mettre tout son élan vers le divin. Ensuite, ce seront d'autres qui choisiront, selon ce que leur goût leur en dit, de s'approprier tel ou tel hymne pour y loger leur propre élan.